L’IDÉE REÇUE DE LA SEMAINE – « Les Africains font trop d’enfants »
L’Afrique étant le moins urbanisé des continents, une grande partie de la population reste marquée par le schéma sociofamilial traditionnel : seule une progéniture nombreuse permet de compenser la forte mortalité infantile. Cette dernière, il est vrai, est encore très élevée : presque 10 % (pour les enfants de 0 à 5 ans) au sud du Sahara contre 0,7 % dans les pays développés. Dans les campagnes africaines, en outre, l’âge du mariage des filles reste très bas : la période de fécondité des femmes s’en trouve d’autant allongée. La fécondité reste ainsi très élevée : près de 6 enfants par femme un peu partout, avec des pointes à 7 dans quelques pays (Mali, Ouganda) et même à 8 au Niger, record mondial absolu ! À ce rythme, la population au sud du Sahara devrait doubler d’ici à 2050, passant de 750 millions (en 2005) à 1,5 milliard.
Aussi spectaculaire soit-elle, la croissance de la population africaine n’a pourtant rien de catastrophique en soi. Ce continent ne fait, somme toute, que rattraper quelques siècles de stagnation démographique. En 2025, il ne fera que retrouver le pourcentage de la population mondiale (17 %) qui était le sien au début du XVIIe siècle. Avant, en particulier, la saignée humaine occasionnée par la traite négrière.
Avec une densité moyenne voisine de 30 habitants par km2, contre une moyenne mondiale de 50, l’Afrique reste encore relativement peu peuplée. C’est la répartition de la population plus que son nombre qui pose problème. Près de la moitié de l’espace subsaharien est quasiment vide, alors que, dans certaines zones, les densités approchent 300 habitants au km2. C’est le cas en particulier au Nigeria et dans la région des Grands Lacs (Ouganda, Burundi, Rwanda).
Quoi qu’il en soit, même si l’Afrique noire a quelques longueurs de retard sur les autres régions du Sud, elle est entrée à son tour dans une phase de baisse de la fécondité depuis les années 1990. Par rapport aux années 1960, la diminution est de 1,5 enfant par femme pour l’ensemble de la région subsaharienne. On note les baisses les plus importantes en Afrique australe (Afrique du sud, Botswana, Zimbabwe) et au Kenya. À l’autre extrémité, la fécondité reste stable au Nigeria et au Mali tandis qu’elle augmente légèrement au Burundi et au Niger.
Cette tendance à la baisse est appelée à s’accélérer avec l’urbanisation, qui, on le sait, incite les familles à limiter le nombre d’enfants : avec un taux de croissance supérieur à 4 % par an, la population urbaine du continent pris dans son ensemble devrait passer de 300 millions actuellement à quelque 750 millions en 2030.
Le mouvement de diminution de la fécondité aura beau s’accentuer et se généraliser, la population continuera cependant à augmenter considérablement pendant deux générations. Le nombre de femmes en âge de procréer restera si élevé qu’elles feront nécessairement beaucoup d’enfants…
Même pléthorique, cette population sera demain un atout dans un monde sur lequel plane une menace inédite dans l’histoire de l’humanité : le vieillissement. À condition, bien sûr, qu’elle soit formée. Ce qui n’est pas le cas aujourd’hui. L’investissement dans le secteur éducatif est beaucoup trop lourd pour des économies qui peinent à trouver un rythme de croissance suffisant. C’est là où réside peut-être le principal enjeu pour les décennies à venir.
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