L’ACTU DE LA SEMAINE – Pourquoi et comment l’école Polytechnique française accélère à l’international

Sommée de s’ouvrir à l’international par le rapport Attali publié en juin 2015, l’École polytechnique redouble d’efforts pour séduire les étudiants venant de l’étranger et trouver des points d’attache un peu partout dans le monde. Dernier en date : l’Iran. Mais quelle est la stratégie de l’X à l’international ? Interview de Mathieu Le Traon, directeur des relations internationales de l’école.

Et voilà, que l’X s’impose en Iran ! La prestigieuse école du plateau de Saclay vient en effet de signer un accord de partenariat avec 3 universités iraniennes de renom : l’Université de Téhéran, celle d’Ispahan et l’Université Sharif. Objectif affiché : promouvoir la mobilité des étudiants et encourager les coopérations académiques et scientifiques. Tout un programme !

Concrètement, cela signifie que les étudiants iraniens en 3ème année de bachelor pourront présenter le concours pour intégrer le prestigieux cycle ingénieur polytechnicien. Inutile de se déplacer jusqu’à Paris, l’X dispose d’un centre d’examen sur place. Ceux en 2ème année de master pourront, eux, intégrer un doctorat. Et les Français ? Eh bien, les post-doctorants pourront réaliser un stage de recherche sur place, leurs frais de vie étant pris en charge par l’université d’accueil.

Evidemment, Polytechnique n’en est pas à son coup d’essai. Mais elle va devoir faire mieux, si l’on en croit le rapport Attali. Pour connaître la stratégie de développement international de l’École, j’ai été à la rencontre de Mathieu Le Traon, le directeur des relations internationales à l’X.

Sandrine Chauvin : Que répondez-vous à ceux qui disent que l’X est l’une des grandes écoles françaises les moins internationalisées ?

Mathieu Le Traon : C’est faux, nous sommes présents sur tous les continents et les chiffres le prouvent. Sur le cycle ingénieur, nous avons déjà 20% d’étudiants internationaux. L’an dernier, nous en avions 112 pour les X2014, 122 cette année. Ces effectifs sont en constante augmentation. Plusieurs viennent du Maroc et de la Tunisie, où des classes prépas forment leurs étudiants aux concours de l’X. D’autres ont débuté des études supérieures dans leur pays d’origine, notamment les Brésiliens et les Chinois, et rejoignent l’X en passant un concours dédié aux élèves internationaux dans l’un de nos centres d’examen à l’étranger. Au total, nous faisons passer un concours international dans 15 villes dans le monde chaque année à Santiago du Chili, Sao Paulo, Pékin, Kiev, Phnom Penh… Nous venons d’ouvrir un centre d’examen à Dakar, le premier en Afrique sub-saharienne.

_Les étudiants étrangers qui viennent étudier à l’X sont-ils francophones ?

M L T : Tous ne le sont pas. Pour les non-francophones ayant réussi le concours, ils passent 4 mois à Villeneuve-sur-Lot dans un centre de langue et sont hébergés dans des familles d’accueil pour apprendre la culture française et la langue. Pour les élèves internationaux du cycle ingénieur polytechnicien, la Fondation de l’École polytechnique a également mis en place un système de prêt offrant un financement de 800 euros par mois dont les trois-quarts sont remboursables à la sortie de l’école, afin de s’aligner avec le principe de la solde versée aux Polytechniciens.

_Votre ministre de tutelle, Jean-Yves Le Drian (Défense) vous a alloué une enveloppe de 60 millions d’euros sur 5 ans pour accélérer votre développement international. Comment comptez-vous les utiliser ?

M L T : Cette enveloppe n’est pas entièrement dédiée à l’international, même si une part non-négligeable y sera consacrée. Elle nous permettra notamment de recruter plusieurs enseignants-chercheurs de très haut niveau, reconnus à l’international. Il faut savoir que 39% de nos enseignants viennent déjà de l’étranger et 61% des 1100 travaux de recherche publiés chaque année par l’École sont le fruit d’une collaboration internationale.

_Allez-vous créer des campus à l’étranger comme l’ont fait certaines écoles de commerce, à l’instar de celui de l’Essec à Singapour ?

M L T : Non, ce sont des investissements très coûteux et nous ne sommes pas dans la logique d’une implantation, mais plutôt d’un maillage international. Nous disposons ainsi d’accords dans de nombreux pays : 35 accords de double diplôme, dont 27 pour le cycle ingénieur polytechnicien. A Shanghai en Chine, par exemple, nous avons lancé avec Télécom ParisTech, Mines ParisTech et l’ENSTA-ParisTech l’école d’ingénieurs SJTU-ParisTech, en partenariat avec Shanghai Jiao Tong University. Cette école, ouverte il y a 4 ans, délivre une formation d’ingénieurs à la française reconnue par la commission des titres d’ingénieurs (CTI). La scolarité y est de 6 ans et les promotions actuelles comptent 60 à 70 élèves, l’objectif étant de passer à 100. Les frais de scolarité y sont de 45.000 yuans par an, soit environ 5.000 euros par an.

_Certes, mais cela ne semble pas suffisant. Dans le dernier classement de Shanghai, l’X a été reléguée à la 300ème place, notamment à cause de sa trop faible aura internationale. Que comptez-vous faire pour accélérer ?

M L T : En ce qui concerne le classement de Shanghai, il ne prend en compte ni la qualité de l’enseignement, ni le niveau des élèves. Il faut également remplir un certain nombre de conditions et la taille en est une. On pourrait souligner que le dernier classement du Times Higher Education nous positionne 29ème des universités les plus internationales au monde et le classement « Graduate Employability Rankings » du QS nous classe 10ème mondial des universités les plus performantes en termes d’employabilité des étudiants. Par ailleurs, nous ouvrons des « graduate degree programs » en anglais dès la rentrée prochaine, ciblant principalement des étudiants internationaux, sur des thématiques dans lesquelles l’X a une expertise reconnue, telles que les objets connectés ou les énergies renouvelables. Nous allons également ouvrir un bachelor au plus tard en 2018. Ce programme d’une durée de 3 ans, dont les cours seront entièrement en anglais, s’adresse essentiellement à un public international. Mais il sera aussi ouvert aux bacheliers français, notamment ceux qui seraient tentés de poursuivre leurs études post-bac à l’étranger. Pour la première promotion, nous espérons compter au moins 50% d’étudiants internationaux. Le montant des frais de scolarité, lui, n’est pas encore défini.

_Quels sont les pays stratégiques pour Polytechnique ?

M L T : L’X est naturellement tournée vers l’Afrique. Nous avons rejoint le réseau RESCIF (Réseau d’Excellence des Sciences de l’Ingénieur de la Francophonie) qui rassemble 14 universités francophones issues de 11 pays différents d’Afrique, Amérique, Asie, Europe et Moyen-Orient. Surtout, nous disposons de 200 accords avec des universités partenaires partout dans le monde afin d’encourager la mobilité des enseignants et des étudiants, comme celui que nous venons de signer en Iran, auxquels il faut ajouter une vingtaine de partenariats stratégiques. Nous comptons déjà 30% d’étudiants internationaux tous cycles confondus, chez les doctorants, ils représentent déjà 40% des effectifs. D’ici 5 ans, notre ambition est donc d’atteindre 40% d’étudiants internationaux parmi tous les élèves étudiant à l’Ecole polytechnique.

Sources : linkedin 

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