L’ACTU DE LA SEMAINE – Effets pervers des taux très bas, un risque social & économique ?
Comment allons nous en France, en Europe, absorber les changements fondamentaux de nos banques et comment vont évoluer nos relations avec celles ci ?
En cette période de très grande volatilité, les banques vont devoir faire face à une baisse de marge, conséquence des taux très bas ,dans notre monde occidental, depuis quelques années maintenant (Toutes les banques centrales ont baissé leur taux, un afflux de liquidités qui devait générer de l’inflation, et, créer de la croissance). A l’heure d’un premier bilan, quels résultats pouvons-nous observer, quels bilans en tirer ?
Faiblesse des taux qui est à mettre en parallèle, à de mauvaises prévisions de croissance à court terme, et, à de mauvaises prévisions du taux d’inflation. Cela augmente encore la volatilité, il va donc falloir nous habituer à cette hyper volatilité, les présidents de banques centrales ne semblant plus maitriser totalement les conséquences de cet excès de liquidité !
Généralités:
Alors que les banques Françaises ont présenté des résultats 2015, en hausse , 6.7 milliards d’euros pour BNP Paribas, 3.5 milliards d’euros pour la Société Générale, etc … le cours de leurs actions a été « martyrisé » par les marchés!
Et, alors que la bourse est un de leurs métiers, il apparaît qu’il y a de très forts malentendus, aujourd’hui, entre les banques et le marché!
Malentendu, car pour les banques, la page de la crise est enfin tournée, alors que pour les marchés, la prochaine crise est peut être juste devant nous. Certains banquiers sont devenus comme beaucoup assez « court -termistes, avec une vision sur leurs prochains bilans, à un/deux ans (A une question sur ses prévisions à moyen terme, cinq ans, un président d’une grande banque française, répondait le 11 février , je ne suis pas Jacques Attali…), les marchés, quant à eux sont « moyen- termistes » ils ont analysés, ils anticipent que la fête est finie, bien que les marchés connaissent depuis deux semaines un redressement !
Les marchés prédisent, eux, trois mois de répit avant une nouvelle baisse, ils s’attendent à une année 2016 semblable à 2008 en termes de performances, (performance=rentabilité ) l’OCDE & le FMI ayant abaissé les prévisions de croissance mondiale, le ralentissement économique chinois semblant s’accélérer, conjugués aux marges de manœuvre de la Banque centrale européenne qui apparaissant désormais plus limitées avec des anticipations d’inflation à des plus bas historiques, à cela s’ajoutent des tensions géopolitiques, et la perspective de la vente d’actions de la part des fonds souverains des pays producteurs de pétrole, pays aux finances mises à mal par la baisse des cours de l’or noir.
Malentendu, car les marchés qui anticipent savent aussi, que les banques, devenues depuis 2007/2008 conservatrices, et c’est très bien, vont devoir affronter le délicat tournant numérique, qui va « affaiblir » leurs chaines de valeur ajoutée, une partie du métier de banquier ne sera plus fondé sur la technique financière mais sur la technologie pure et dure ! Les nouveaux entrants sur ce marché pourraient acquérir , d’après certaines études, et, assez rapidement, approximativement 50 à 60% des revenus aujourd’hui perçus par les banques.
Certains pessimistes s’attendent aussi à un défaut majeur d’une société pétrolière, ce qui pourrait générer des concentrations dans ce secteur, et quelques x de milliards de dollars de « bad debts » à priori dans les banques américaines qui ont financées, entre autres, le gaz de schiste.
Quant à la Chine, ses réserves de changes ont baissé, réduisant les liquidités sur les marchés associé à une sortie de capitaux en moyenne de plus 100 milliards de dollars par mois.
Si ils sont un peu optimistes, les marchés espèrent voir un retour à un peu de stabilité macroéconomique dans la deuxième moitié de l’année (à partir de septembre). Si nous sommes pessimistes, nous connaitrons peut être une crise cyclique, comme nous en connaissons tout les 7-8 ans, mais pas systémique comme en 2008.
Le bon coté des choses par rapport aux crises précédentes, c’est que les banques savent aujourd’hui, ce qu’elles ont dans leurs bilans, plus facile à dire qu’à faire dans cette industrie, alors que l’enveloppe des sub-primes au niveau mondial, s’élevait à un peu moins de 2.500 milliards de dollars en 2007/2008, les seules mauvaises nouvelles aujourd’hui pourraient venir, de leurs exposition au secteur pétrolier et gaz de schiste, leurs encours mondial pour ce secteur devrait se limiter à un peu plus de 500 milliards de dollars (acceptable & pas critique), enfin durant la même période, 2016 Vs 2008 , le ratio de solvabilité des banques, s’est très fortement amélioré !
Donc à priori, n’ayons aujourd’hui aucune inquiétude pour nos banques françaises, banques qui ont fait un ménage certain depuis 2008, et qui ont toutes aujourd’hui un service « compliance » sensé éliminer ou limiter fortement les prises de risques !
Revenons aux conséquences des taux bas ?
Pour les économistes :
La stagnation ou déflation des prix est une menace. Car dans un contexte de chômage de masse, et de croissance insignifiante la baisse des prix ne stimule pas la consommation et entraîne la plupart du temps un report des achats (cercle vicieux) la chasse aux prix les plus bas, qui freinent la reprise de la croissance.
Pour les pays : cela leur permet de continuer à s’endetter, donc à les rendre encore plus irresponsables, et à continuer à vivre au-dessus de leurs moyens. Le jour où ces taux augmenteront brutalement, la fin de nos économies endettées sera proche !
Pour les consommateurs
En période de crise dans un pays avec un fort taux de chômage, les taux négatifs, liés à une inflation quasiment négative est une bonne nouvelle pour eux ! Cela évite de voir se faire refuser une hausse de salaire, qui devient moins vitale, si les prix à la consommation sont stables.
Pour les investisseurs, les épargnants, acheteurs d’obligations d’état, dont les régimes et fonds de pension, cette baisse des taux, est en fait une forme de taxation, taxation qui rémunère l’écrasement anormal de toutes les primes de risque, le rating de l’obligation s’étant amélioré grâce à son rachat par la banque centrale, c’est un peu tiré par les cheveux, et on voit mal, dans notre Europe vieillissante , quel sera le résultat. Près d’un tiers des obligations souveraines à court et long terme présentent des rendements négatifs. Le FMI estime qu’une persistance en ce sens mettrait en danger 24% des assurances vie européennes de taille moyenne
Pour les emprunteurs,
Ce sont certainement les seuls, qui peuvent se réjouir. Si vous envisager de réaliser, un investissement immobilier, (attention la tendance est à une reprise des prix baissiers), ou acquérir des biens d’équipement, une automobile, financer une rénovation, cette baisse des taux devrait être favorable à une relance de l’économie française ou européenne, à condition que les biens achetés soient réalisés en France ou en Europe.
Pour les banques : l’étude de l’influence de la hausse des taux d’intérêt sur les résultats bancaires occupe depuis longtemps une place importante dans la littérature économique et financière (depuis au moins la célèbre conclusion de Samuelson sur l’impact positif d’une hausse des taux (1945). Les conséquences de la baisse des taux ou les taux négatifs, n’ont à ma connaissance, pas encore fait l’objet d’études.
Avec l’Euro, il devient nécessaire d’appréhender les conséquences, dans le cadre d’une politique monétaire commune, des variations des taux d’intérêt sur les résultats des intermédiaires financiers.
Cette analyse (Samuelson) fait apparaître la diversité des réponses des systèmes bancaires européens à l’évolution à la hausse des taux d’intérêt de marché. Une analyse précise de l’impact des taux sur les résultats bancaires conduit cependant à mettre en évidence des effets significatifs dans certains pays. Globalement, il apparaît que, la performance de l’industrie bancaire est liée à l’évolution des taux d’intérêt sur les marchés financiers. Elle peut être liée à l’évolution soit du niveau des taux, soit de la structure des taux soit aux deux à la fois
Aujourd’hui, Les banques doivent donc payer pour placer leurs liquidités auprès de la BCE,
C’est-à-dire que, lorsque les banques placent les dépôts à vue non rémunérés de leurs clients à ces taux, elles sont perdantes, à moins de répercuter aussi à leurs clients un coût équivalent (intérêt négatif) sur les dépôts. Aucune banque, n’a pour le moment osé le faire, car, cela pourrait engendrer des retraits massifs d’espèces (qu’il serait plus intéressant de mettre sous son oreiller ou dans son coffre à taux zéro) voire des fermetures de comptes.
Ces taux négatifs vont avoir un effet négatif très important sur le Produit Net bancaire des banques de dépôt. Car ce phénomène d’entrée en taux négatifs bouleverse l’équilibre qui c’était établi entre dépôts non rémunérés et services, chèques etc, non facturés aux clients ! Certaines banque commencent en 2016 a facturé un forfait pour ces services, la prochaine étape sera la restructuration des réseaux avec fermetures d’agences.
Conclusion : Les banques vont certainement devoir de plus en plus s’orienter vers de nouveaux services, assurances, téléphonie, courtage automobile, immobilier, etc, car nous sommes tous entrés dans une zone étrange et atypique, celle des taux d’intérêt négatifs, personne y compris les dirigeants des banques centrales, ne savent vraiment , ce qui va en résulter, il va nous (clients, ou banques) falloir faire preuve de résilience, d’adaptabilité, il va aussi nous (banques & clients) falloir acquérir la capacité à dépasser positivement des situations financières , totalement nouvelles et adverses, que nous n’imaginons pas aujourd’hui !
Enfin après la fermeture de nombreux commerces de centre ville, on va maintenant certainement voir la fermeture de nombreuses agences bancaires ,dans les villes, petites ou moyennes de province, ainsi qu’à Paris.
Bernard JOMARD
Serial entrepreneur-Administrateur Indépendant -Conférencier-speaker
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1 Commentaire
je vous remercie d’avoir repris mon billet