AU FIL DES SEMAINES > LE SYMBOLE – La couleur Blanche qui nous fait découvrir le premier homme blanc apparu chez les Bantous du Sud-Cameroun
Notons tout d’abord que le blanc n’est sans doute que la représentation de « l’absence de couleur ». Comme sa contre-couleur, le noir, le blanc peut se situer aux deux extrémités de la gamme chromatique. Absolu et n’ayant d’autres variations que celles qui vont de la matité à la brillance, il signifie tantôt l’absence, tantôt la somme des couleurs. Il se place ainsi tantôt au départ tantôt à l’aboutissement de la vie diurne et du monde manifesté, ce qui lui confère une valeur idéale, asymptotique. Mais l’aboutissement de la vie – le moment de la mort – est aussi un moment transitoire, à la charnière du visible et de l’invisible, et donc un autre départ. Le blanc – candidus -est la couleur du candidat, c’est-à-dire de celui qui va changer de condition (les candidats aux fonctions publiques s’habillaient de blanc).
Dans la coloration des points cardinaux, il est donc normal que la plupart des peuples en aient fait la couleur de l’Est et de l’Ouest, c’est-à-dire de ces deux points extrêmes et mystérieux où le Soleil – astre de la pensée diurne – naît et meurt chaque jour. Le blanc, dans les deux cas est une valeur limite, de même que ces deux extrémités de la ligne infinie de l’horizon. Il est couleur de passage, au sens auquel on parle de rites de passage : et il est justement la couleur privilégiée de ces rites, par lesquels s’opèrent les mutations de l’être, selon le schéma classique de toute initiation : mort et renaissance.
Le blanc de l’ouest est le blanc mat de la mort, qui absorbe l’être et l’introduit au monde lunaire, froid et femelle; il conduit à l’absence, au vide nocturne, à la disparition de la conscience et des couleurs diurnes. Le blanc de l’Est est celui du retour : c’est le blanc de l’aube, où la voûte céleste réapparaît, vide encore des couleurs, mais riche du potentiel de manifestation dont microcosme et macrocosme se sont rechargés, à la façon d’une pile électrique, pendant le passage dans le ventre nocturne, source de toute énergie. L’un descend de la brillance à la matité, l’autre monte de la matité à la brillance.
En eux-mêmes ces deux instants, ces deux blancheurs, sont vides, suspendus entre absence et présence, entre lune et soleil, entre les deux faces du sacré, entre ses deux côtés. Tout le symbolisme de la couleur blanche et de ses emplois rituels découle de cette observation de la nature, à partir de laquelle toutes les cultures humaines ont édifié leurs systèmes philosophiques et religieux. Dans toute pensée symbolique, la mort précède la vie, toute naissance étant une renaissance. De ce fait le blanc est primitivement la couleur de la mort et du deuil. C’est encore le cas dans tout l’Orient, ce le fut aussi longtemps en Europe, notamment à la cour des rois de France.
Sous son aspect néfaste, le blanc livide est opposé au rouge : c’est la couleur du vampire qui cherche précisément le sang – condition du monde diurne – qui s’est retiré de lui. C’est la couleur du linceul, de tous les spectres, de toutes les apparitions; la couleur – ou plutôt l’absence de couleur du nain Aubéron, l’Alberich des Nibelungen, roi des Albes ou des Elfes. C’est la couleur des revenants, et ceci explique que le premier homme blanc qui soit apparu chez les Bantou du Sud-Cameroun ait été appelé le « Nango-Kon » – le fantôme-albinos, qui fit d’abord fuir de frayeur toutes les populations qu’il rencontrait; après quoi, rassuré sur ses intentions pacifiques, chacun s’en revint lui demander des nouvelles de ses parents décédés, qu’il était évidemment censé connaître, puisqu’il venait du pays des morts…
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