AU FIL DES SEMAINES > L’ACTU – Quels facteurs clés de succès pour nos universités dans la compétition mondiale ?
Dans un monde de violence, soumis à des défis économiques, climatiques, sanitaires et sécuritaires sans précédent, l’université tient les clés d’un développement pacifié et harmonieux de notre humanité. Les gouvernements les plus éclairés ont compris combien l’accent mis sur la recherche, sur l’enseignement et sur l’entrepreneuriat fonde la prospérité de demain.
Or, le métier des universités est, lui-même, mis au défi par des évolutions profondes. Comme pour toutes les industries de service, la compétition est frontale, dans un monde global rendu transparent par le Web et par les classements, pour attirer les plus brillants étudiants internationaux (et retenir les meilleurs français). L’intensité capitalistique ne cesse de croître, pour entretenir un campus attractif et pour séduire les meilleurs enseignants chercheurs mondiaux par des équipements sophistiqués, un environnement collaboratif généreux et une reconnaissance financière attractive. Dans ce marché planétaire où seules les marques les plus établies conserveront un rôle de leaders, la stratégie repose sur des considérations où la taille joue un rôle marginal.
Seules les marques les plus établies conserveront un rôle de leaders
La première ligne stratégique repose sur la priorité accordée à la recherche, et ce pour deux raisons : l’une de fond, l’autre plus formelle. Fondamentalement, la présence en interne de chercheurs engagés dans l’exploration des frontières de la connaissance garantit aux étudiants l’accès aux savoirs les plus à jour. Et formellement, force est de reconnaître que les classements internationaux, pour discutables que soient certains d’entre eux dans le détail de leur méthodologie, visent avant tout à mesurer la productivité passée de la recherche. Dans ce contexte, une stratégie de recherche d’établissement performante doit laisser aux scientifiques toute liberté dans leurs choix et toute latitude d’explorer les champs les plus fondamentaux. Mais elle exige qu’ils travaillent de manière pluridisciplinaire, qu’ils définissent des instruments exigeants de mesure de leur productivité, et qu’ils songent à chaque instant aux applications potentielles de leurs découvertes pour le progrès de la société, suivant ainsi l’exemple glorieux de Louis Pasteur. En résumé, une recherche libre et pure, mais sous tension, ouverte aux autres et charismatique.
Dans le domaine de la formation, quatre critères d’évaluation, intimement liés, doivent être pris en compte. Le premier d’entre eux est l’employabilité des étudiantes et étudiants. Que l’enseignement soit financé par la collectivité ou par la famille, l’exigence est la même : il est profondément immoral d’engager des ressources sans s’assurer, de manière individualisée, que chaque diplômé trouve un emploi justement rémunéré à l’issue du programme. Le deuxième critère de création de valeur d’un cursus est sa sélectivité. Aucune des grandes universités mondiales qui tiennent le haut des classements ne recrute ses étudiants aveuglément, et les taux de sélection dépassent presque toujours 1/6. Le troisième critère porte évidemment sur les contenus, les plus à jour –c’est la raison pour laquelle le lien avec la recherche est si important – et adaptés aux emplois promis aux apprenants. Enfin, dans un univers en voie de digitalisation généralisée, les modes de distribution des connaissances et la qualité de la pédagogie deviennent un facteur discriminant.
En dernier lieu, aucune grande université de science et de technologie ne se désintéresse désormais de son rôle économique par la valorisation de l’innovation et la création d’entreprises. Si les projets sont nombreux de la part des étudiants et des chercheurs, l’enjeu du futur porte sur la transformation rapide des découvertes et des prototypes en business viable. C’est précisément le sens des accélérateurs que proposent les établissements les plus innovateurs, afin de soutenir les candidats par des coaches et des mentors et de les aider ainsi à identifier qui utilisera, qui prescrira, qui régulera et qui solvabilisera le fruit de leur initiative.
Des équipes agiles, en lien avec une gouvernance ouverte sur le monde de l’entreprise et sur la société
Mettre à exécution ces lignes stratégiques, dans un univers mouvant et face à des compétiteurs internationaux richement dotés par leurs gouvernements comme par leurs alumni et par leur industrie, nécessite des équipes agiles, en lien avec une gouvernance ouverte sur le monde de l’entreprise et sur la société. C’est le sens des réformes qui ont été mises en œuvre depuis trois ans à l’École polytechnique, avec le soutien de l’État et de toutes ses parties prenantes.
Jacques Biot (Président à École Polytechnique)
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