AU FIL DES JOURS > L’IMAGE DU JOUR – Clinton contre les armes, Trump contre les musulmans

Le contrôle des armes à feu est devenu un enjeu de la campagne présidentielle au lendemain de la fusillade la plus meurtrière de l’histoire des États-Unis, qui a fait 49 morts dans un bar gai d’Orlando.

Hillary Clinton s’est engagée à ramener un projet de loi visant à bannir les armes d’assaut, qui circulent par millions aux États-Unis depuis la fin d’un moratoire de 10 ans sur la vente de ces engins, en 2004. La candidate démocrate à la présidence compte aussi relancer un projet qui interdirait la vente d’arme à toute personne figurant sur la liste d’interdiction de vol en lien avec le terrorisme. La majorité républicaine au Congrès a rejeté ce projet de loi en décembre dernier.

« Nous devons empêcher les terroristes de mettre la main sur les outils dont ils ont besoin pour commettre leurs attentats, et c’est particulièrement vrai pour des armes d’assaut comme celles utilisées à Orlando et à San Bernardino », a dit Hillary Clinton lundi, 24 heures après le carnage survenu dans le bar Pulse, à Orlando.

De son côté, Donald Trump s’en est pris aux musulmans qui restent silencieux, selon lui, devant les extrémistes violents. Le candidat républicain a répété son engagement de bannir temporairement du pays les musulmans nés à l’étranger, en soutenant qu’ils représentent une menace à la sécurité nationale.

Trump a remis en question la capacité de Barack Obama à gouverner. « Nous sommes dirigés par un homme qui n’est pas assez dur, ou pas assez intelligent, ou alors il a autre chose en tête. Et cette autre chose qu’il a en tête… Les gens ne peuvent croire ça. Il se passe quelque chose. C’est inconcevable », a déclaré Donald Trump à la chaîne Fox.

Frustration présidentielle

Le président Obama, lui, est « frustré, parfois même en colère » à cause de l’inertie du Congrès, a déclaré lundi Josh Earnest, porte-parole de la Maison-Blanche. On peut comprendre la frustration du président : il a essayé très fort durant ses deux mandats de réglementer le commerce des armes — qui font 30 000 morts par année aux États-Unis —, mais le Congrès, contrôlé par les républicains, a bloqué toutes les tentatives d’Obama visant à encadrer la liberté de porter une arme.

« Il est extrêmement difficile pour le président de faire quoi que ce soit » face à un Congrès hostile, rappelle Francis Langlois, membre associé de la Chaire Raoul-Dandurand en études stratégiques et diplomatiques de l’Université du Québec à Montréal (UQAM).

Après le massacre de l’école primaire de Sandy Hook, au Connecticut, Obama a tenté en 2013 de bannir les armes d’assaut et les chargeurs à haute capacité. Il s’est heurté au refus du Congrès.

Ébranlé, élu aux larmes après une autre tuerie (celle de San Bernardino), le président est revenu à la charge au début de l’année 2016 en émettant une série de mesures« exécutives » visant à contrôler le commerce des armes. Cette fois, la puissante National Rifle Association a répliqué avec des poursuites judiciaires et des menaces de boycottage des fabricants d’armes qui se plieraient aux initiatives de la Maison-Blanche.

Barack Obama voulait rendre obligatoires les vérifications de sécurité de tous les acheteurs d’armes. À l’heure actuelle, entre 30 % et 40 % des transactions d’armes échappent aux vérifications d’antécédents, estime le chercheur Francis Langlois. Le FBI a beaucoup de difficultés à surveiller les ventes d’armes par Internet et dans les foires agricoles, explique-t-il.

Registre archaïque

Le président a aussi financé la recherche pour fabriquer des armes « intelligentes », capables de reconnaître leur propriétaire par des empreintes digitales ou d’autres technologies. Dans les cinq dernières années, pas moins de 1333 armes volées ou perdues ont été retrouvées entre les mains de criminels ciblés dans une enquête, selon la Maison-Blanche.

Obama a aussi annoncé des fonds pour doubler le nombre d’agents du FBI chargés de vérifier les antécédents judiciaires des acheteurs d’arme. Le but : réduire les délais de traitement, parce qu’après trois jours d’attente de son rapport de sécurité, tout acheteur obtient automatiquement le droit d’acheter une arme.

Le registre des antécédents criminels fonctionne encore sans réseau informatique, sur des fiches en papier, à cause du manque de financement chronique forcé par des élus sympathiques à la NRA, explique Francis Langlois.

Plusieurs États sont aussi réticents à partager avec le fédéral leurs registres des criminels. L’information contenue dans le registre fédéral devient ainsi moins fiable.

Le Devoir

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