AU FIL DES SEMAINES > POINT DE VUE – «Le Détachement» dans l’Univers des Vertus (suite)
Voici la deuxième partie de notre sujet consacré au Détachement. J’espère, par vos avis ou commentaires à faire partager à tous, avoir la joie de vous lire nombreux à la fin de la conversation.
L’élève : Le fait donc de posséder des biens serait-il incompatible avec la spiritualité ?
Le Maître : Avant de répondre à ta question, permets moi de te dire que je ne crois pas que les gens dotés d’une très grande spiritualité considèrent que le « vœu de pauvreté » soit une condition sine qua non de leur avancement, et que l’ascétisme soit préconisé comme leur leitmotiv. Non, trêve de plaisanterie, ce n’est qu’en vivant au contact direct du monde matériel que l’on peut évoluer efficacement sur le plan intérieur. En vertu de ce principe, c’est parmi nos semblables que nous devons apprendre à exprimer le meilleur de nous-mêmes et acquérir les vertus qui font la valeur d’un Initié digne de ce nom. La maîtrise de la vie, but ultime de notre évolution spirituelle, implique donc de s’investir dans les « affaires » terrestres et d’en faire le support de notre propre évolution animique. Par extension, il faut les gérer de manière qu’elles contribuent directement ou indirectement au bien commun.
L’élève : Quel est ta définition d’une personne véritablement détachée ?
Le Maître : Au sens mystique du terme, c’est quelqu’un qui pourrait se voir privé de tous ses biens sans pour autant perdre sa foi en la vie et sans faire subir aux autres les conséquences d’une telle épreuve. C’est probablement le cas de ce soufiste que je connais personnellement. Après de brillantes études en architecture, il choisit de consacrer sa vie à Dieu au détriment de sa carrière. Et comme il faut bien gagner sa vie, il créa sa société de nettoyage en auto-entrepreneur où, seul, et presque tous les matins, hiver comme été, il se lève à quatre heure du matin pour aller faire son ménage. Ce choix, me dit-il, «me permet d’organiser mon planning comme je veux de façon à privilégier mon vendredi », jour de grande prière des musulmans. Victime d’un accident de voiture à cause d’un conducteur imprudent qui l’entaille son pare choc arrière, ce soufiste sort de sa voiture, jette un coup d’œil, constate les dégâts, et dit au chauffard, sur un ton on ne peut plus calme, « ce n’est pas grave » et repart aussitôt en laissant ce dernier tout pantois. Mieux encore, il se lève un matin et découvre qu’on lui a fracassé le pare brise arrière de sa voiture neuve. Il n’en parlera à personne jusqu’au jour où un de ces disciples découvre stupéfait l’état de sa voiture et lui en parle. Il répond à ce dernier que «ce sont des choses qui arrivent » sans plus. C’est te dire, mon Cher élève, que rares sont les individus capables de telles comportements, car la nature humaine est telle qu’elle s’habitue plus aisément à avoir plus qu’à ne plus avoir. Quoi qu’il en soit, il s’agit là d’une vertu qu’il faut s’efforcer d’acquérir lorsque l’on a fait du spiritualisme l’idéal de son existence.
L’élève : Et comment donc y parvenir ?
Le Maître : Il n’y a pas d’autre solution que de cultiver en soi la certitude que chacun récolte ce qu’il sème et connaît les épreuves à la mesure de ce qu’il est capable de surmonter matériellement, moralement et sprirituellement. Quiconque possède en lui cette certitude accorde plus d’importance à « l’être » qu’à « l’avoir », de sorte que sa richesse intérieure le rend suffisamment fort pour affronter et surmonter toute épreuve d’ordre matériel.
Bonne semaine à tous
Georges T. VINAPON
Journaliste et fondateur du site ExpatMosaïque
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