AU FIL DES SEMAINES > VOCABULAIRE DES MUSIQUES DU MONDE – Rap
Le Rap signifie bavarder, mais Lapassade et Rousselot y voient aussi une contraction de « rapid » ou de « repartee ». Le genre naît à la fin des années 1970 dans les ghettos de New-York (Bronx puis Brooklyn et Harlem). Son originalité réside dans l’exacerbation de certains traits esquissés par d’autres genres afro-américains. C’est aux dirty-dozens et aux disc-jockeys noirs des États du Sud puis de Jamaïque que le rap emprunte son parlé rythmique.
Son rythme martelé sur tous les temps est hérité du rythm and blues, du funk, de la soul et surtout du disco, tandis qu’il doit au rock son côté dur, agressif, et revendicatif. Très justement, Richard Shusterman trace des parallèles entre ces traits stylistiques et l’esthétique post-moderne (L’Art à l’état vif, paris Éditions de Minuit, pp. 183-232). Cinq paramètres guident son analyse.
- « Tendance au recyclage et à l’appropriation des divers matériaux d’autrui plutôt qu’à l’originalité ». L’élément musical central du rap repose en effet sur la sélection, l’échantillonnage et la combinaison de sons ou de fragments de morceaux préexistants. Ce travail est effectué par le disc-jockey (DJ), qui réalise ainsi un fond musical sur lequel s’exprime le rapper ou MC (Maître de cérémonie).
- « Mélange éclectique des styles ». Le rap se sert autant de la chanson populaire, de la musique classique, du jazz (acid jazz) et de jingles publicitaires que de bruits ou de fragments de discours.
- « Adhésion enthousiaste à la nouvelle technologie et à la culture de masse ».
- « Défi lancé aux notions modernes d’autonomie esthétique et de pureté artistique ». L’affirmation très nette des méthodes d’appropriation sonore et la propension des rappers à vanter leur propres qualités s’oppose à l’idéal romantique d’unicité et d’originalité de l’oeuvre d’art. Cette dichotomie s’accroît encore dans la mesure où la pratique du rap n’exige ni connaissance musicale ni même pratique instrumentale.
- « Accent mis sur la localisation temporelle et spatiale plutôt que sur l’universel et l’éternel ». « Loin d’adhérer à une esthétique qui voue un véritable culte à l’oeuvre intouchable, le hip-hop offre les plaisir de l’art déconstructeur, (…) il souligne la temporalité de l’oeuvre d’art et sa précarité ». Le rap ne prétend pas à l’universalité, il revendique même ouvertement son appartenance au ghetto noir urbain et à ses problèmes : prostitution, drogue, insalubrité, persécution de la part des policiers blancs, etc… Les lieux, les quartiers sont nommément cités et ce, même lorsque le rap a acquis une dimension internationale.
Les principales formations sont : Sugarhill Gang, Grandmaster Flash and The Furious Five, Run D.M.C., Public Enemy, De La Soul, A Tribe Called Quest, Gangstar, Snoop Doggy Dogg. En France, quelques groupes et personnalités se sont affirmés : MC Solaar, Soon MC, NTM, Assassin, SEns Unik, IAM
Son : Mc Solaar
Photo : Mc Solaar
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